Soweto
Peter Magubane
Titres / Tracks

CHAPITRE 7
Week-end à Soweto - des rues qui dansent.

         Johnny Clegg (surnommé le "Zoulou Blanc" par la presse internationale) se souvient du temps où il travaillait dans une ferme des environs de Johannesburg. Sa maîtrise du parler zoulou lui valut le respect de tous les ouvriers noirs avec qui il se réunissait le dimanche pour égrener quelques notes soutenues par sa voix harmonieuse et ses rythmes de guitare, forgés au rayonnement du township. De cette expérience, il a tiré la chanson Woza Friday qui fut le premier hit de Juluka (qui signifie "sueur", en hommage aux ouvriers que Clegg a côtoyés). Juluka était un groupe à deux têtes composé de Johnny Clegg et Sipho Mabuse. Après leur séparation, Clegg a acquis une renommée internationale avec son groupe d’afro-rock Savuka.
         Juluka fit ses premières armes dans le milieu des foyers pour immigrés de Soweto, proposant une musique où se mariait le chant choral traditionnel et la kwela du township. Après quelques concerts au Jabulani Stadium ou à Fun Valley, ils devinrent vite les idoles du tout-Soweto. Au vu de leur succès grandissant, Sipho décida qu’il était temps pour lui de retourner dans ses vertes collines du Zoulouland. Johnny en fut secoué, mais respecta sa décision.
         Il conserva donc les musiciens et les danseurs de Juluka auxquels il adjoint un prodige des claviers et un bassiste. Ainsi naquit Savuka, un nouveau groupe qui mariait les rythmes traditionnels à l’électricité du rock, avec des textes délibérément politiques pour épicer le tout. Le succès ne se fit pas attendre et, en l’espace de quelques mois, Johnny Clegg fut propulsé au Panthéon des rock-stars internationales.
         Il faut dire que le terrain avait été préparé de main de maître par le désormais c1assique "Graceland" de Paul Simon. Cet album, magnifique à bien des égards, fut pour beaucoup dans le succès foudroyant des musiques sud-africaines à l’étranger. Enregistré à l’Ovation Studio de Johannesburg, avec les musiciens de Ladysmith Black Mambazo, "Graceland" offre une fusion terriblement intelligente de mbaqanga, d’accordéon "Gumboots" et de formes traditionnelles du folklore américain, comme le zydeco. Quant aux textes de Paul Simon, ils expriment la réalité sud-africaine sans tomber dans l’ornière du militantisme outrancier.
         Pour les musiciens locaux qui prirent part à l’aventure, cette rencontre musicale sans précédent fut un véritable tremplin sur la scène internationale. Depuis 1985, on ne compte plus les groupes qui, dans la foulée de Paul Simon et de Savuka, ont signé d’importants contrats avec les multinationales du disque. Pourtant, le travail de Paul Simon témoigne d’une démarche à part, qui ne rend pas compte de toutes les richesses de la musique locale : là où "Graceland" offre une versson occidentalisée de la musique sud-africaine, Savuka cultive l’authenticité. Les nombreuses tournées qu’ils ont effectuées, autant en Europe qu’aux Etats-Unis, en compagnie de David Bowie, Steve Winwood, Joan Armatrading et d’autres, ont donné, au monde entier, un avant-goût du week-end à Soweto.

 Lire la préface de Johnny Clegg 

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Photographies : Peter Magubane
Texte : Stan Motjuwadi et David Bristow
Traduction en langue Française : Gilles Tordjman
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Photographies : Peter Magubane
Text : Stan Motjuwadi and David Bristow
French translation : Gilles Tordjman

- In My African Dream -
The Johnny Clegg Discography